Puissiez-vous un jour visiter Rasht et le Guilan ! Située au Nord de l’Iran, la région du Guilan (parfois orthographié Gilan) est un paradis vert et luxuriant. Sa ville principale, Rasht, est célèbre pour son ébullition et son grand bazar non couvert. C’est aussi un excellent point d’ancrage pour rayonner vers divers sites historiques ou naturels forts intéressants. Des rizières, des plages, des châteaux-forts, des champs de thés, et des musées en tout genre. Dans cet article, je vous propose un panorama des choses à faire et à voir si vous visitez Rasht et ses alentours.
J’ai beaucoup hésité avant de publier cet article. A l’heure où je finis d’écrire ces lignes, l’Iran vient de traverser 12 jours d’une guerre soudaine et destructrice. Décrire les beautés de cette terre alors qu’elle panse des plaies encore ouvertes, cela peut sembler incongru. Et ce d’autant plus que, compte tenu des tensions régionales qui perdurent et risquent de s’installer, il est sans doute peu probable que des touristes se ruent prochainement à Rasht ou ailleurs dans ce pays.
Et pourtant, je trouverais dommage que les images brutales de cette guerre viennent remplacer, dans nos esprits, toutes les beautés de ce pays unique à la culture millénaire. Cet article est un hommage à la splendeur des lieux et de leurs habitants. Il porte l’espoir que ceux qui n’ont pas encore vu l’Iran de leurs yeux puisse le découvrir ici et s’en émerveiller, que ceux qui ont eu la chance d’y aller se le remémorent avec émotion, et que des temps plus sereins viennent où les voyages vers ce coin du monde pourront reprendre calmement.
Que voir et que faire dans la ville de Rasht
1. La place centrale (meydoon-e shahrdari) et ses rues animées
La place de l’hôtel de ville (meydoon-e shahrdari) et toutes les rues adjacentes constituent le coeur battant de la ville. Elles grouillent de monde de jour comme de nuit. Tous leurs commerces sont ouverts jusque tard dans la soirée et de nombreux événements sont programmés sur l’esplanade devant la mairie. Pour visiter Rasht, faites donc comme tout le monde, baladez-vous, faites votre shopping, posez-vous sur un banc sans regarder votre téléphone, riez entre amis… Bref sentez-vous vivants, c’est ce que les « rashti-ha » (les habitants de Rasht) font le mieux du monde !

Insider tip : Le quartier de la meydoon-e shahrdari est le lieu idéal pour vous restaurer comme les locaux. Non seulement le bazar est à deux pas, avec tous ses merveilleux produits frais (cf. paragraphe suivant) et ses petits boui-bouis, mais c’est aussi dans ce quartier que se trouvent les restaurants et les cafés à la mode, fréquentés par la jeunesse de la ville.
Par exemple, au goûter, si vous avez un petit creux et que vous avez le temps de vous poser, allez au café Khoone-ye Agha Bozorg pour boire un thé aux cerises (chai-e albaloo) avec une part de gâteau ou du reshteh khoshkar (une sorte de dentelle de crêpe fourrée aux noix, sucre et cannelle, nappée de sirop). Si vous êtes un peu pressés, voici une autre option : achetez un koloocheh dans l’une des boulangeries devant laquelle vous passerez. C’est un gros biscuit un peu brioché fourré aux noix et au sucre. Demandez qu’il soit bien chaud (dâgh) et mangez-le sur le pouce en vaquant à vos occupations.


L’adresse du café Agha Bozorg :
Autrement, si vous êtes dans le coin en soirée, c’est le l’endroit parfait pour manger des « kabab-e kassif« . Cela veut littéralement dire « dirty kebab » ou « kebab sale ». Rassurez-vous, l’hygiène ne pose (généralement) pas problème. C’est simplement l’expression employée pour désigner les kebabs que l’on fait griller devant vous dans la rue et que vous mangerez assis un peu inconfortablement sur des sièges et tables en plastique disposés sur le trottoir, par opposition à un « vrai » restaurant. D’ailleurs, pour savoir quoi commander plus précisément, consultez mon article dédié aux spécialités culinaires du Guilan (bientôt disponible).
2. Le bazar de Rasht
Situé à proximité de la place de l’Hôtel de ville, le bazar de Rasht est un incontournable. C’est l’un des plus grand bazars non couverts du pays (24 hectares !). Il est plein de vie et de couleurs et mérite vraiment qu’on y passe un moment. C’est l’une des meilleure raisons de visiter Rasht. C’est l’occasion de découvrir de nombreux produits locaux et de voir défiler toutes les franges de la société devant ses yeux. Vous y mesurerez notamment tout l’amour que les Iraniens portent à l’ail frais 😉 . Et vous vous noierez dans des avalanches de fruits secs, d’olives, d’herbes en tout genre, de poissons frais et séchés, de jus de grenade, d’orange amère, etc.
Petit conseil : Portez des chaussures fermées qui ne craignent pas trop et évitez les pantalons qui trainent au sol. Certains secteurs (pas tous, mais surtout boucherie et poissonnerie) ont tendance à voir leur sol noyé par des eaux de rinçage. On aime autant ne pas les avoir sur les pieds.




L’adresse du bazar :
Et je me répète, mais, pour savoir quelles spécialités culinaires goûter absolument dans la région du Guilan, rendez-vous par ici dans cet article où je vous explique tout ! (bientôt disponible)
3. Le quartier des antiquaires
Si vous avez un peu de temps, le quartier des antiquaires pourrait bien vous ravir. Il s’agit de quelques rues remplies de boutiques proposant à la vente toutes sortes de meubles, vaisselles et accessoires anciens qui témoignent du quotidien passé des habitants. Amateurs de vaisselle ancienne locale ou exotique, vous serez comblés. Vous pourrez aussi y voir des objets qui vous rappelleront sans doute ceux de vos propres grands-parents et arrière-grands-parents, notamment de vieux téléphones à cadrans (certains avec des chiffres persans), richement ciselés et ornés.
L’adresse (autour de Keivani Street et Emam’s Sister Street) :
Que voir et que visiter autour de Rasht, dans la région du Guilan
Visiter Rasht vous conduira sûrement à rester quelques jours sur place. Je vous recommande vivement de profiter des alentours. La région du Guilan est réputée pour être un havre vert luxuriant. Les Téhéranais s’y ruent dès qu’ils le peuvent pour profiter de la nature. C’est un peu comme notre Normandie en France, relativement proche de la capitale, verte, avec la mer 🙂
Voici quelques suggestions de visites.
1. Visiter Lahijan
Lahijan est l’une de mes villes préférées. Un peu plus petite que Rasht et surtout un peu moins agitée, elle est vraiment charmante et il est plaisant d’y déambuler. Si vous visitez Rasht et le Guilan, pensez à y faire un tour.
Le centre-ville et le petit lac
En centre-ville, se trouve un petit lac artificiel (sur lequel vous pouvez d’ailleurs faire du pédalo si le coeur vous en dit). C’est là que toute la ville se donne rendez-vous pour pique-niquer, marcher, flâner, divertir les enfants, faire du vélo, rigoler entre copines, faire un tour avec mamie, acheter des sous-vêtements auprès des vendeurs en plein air, etc. Non pas que ce lac ait un intérêt historique ou culturel particulier (à ma connaissance), mais le lieu est plein de vie, surtout le soir, et cela vaut la peine de profiter de l’animation.
Sur le bord du lac, il y a le célèbre confiseur / salon de thé Nooshin : allez y acheter leurs fameux cookies aux raisins ou y prendre une glace au safran. Vous ne serez pas déçus.
L’adresse de Nooshin :
Depuis le lac, vous avez la vue sur une colline toute boisée. Justement, sur les hauteurs de la ville, je vous recommandes deux visites vraiment sympathiques.

Les champs de thés
La première consiste à prendre le téléphérique pour se rendre dans les champs de thés qui surplombent la ville. Depuis la cabine, le panorama est très joli et, une fois sur la terre ferme, vous pourrez déambuler dans ce paradis vert et mesurer l’importance de la culture du thé dans la région. D’ailleurs, en centre-ville il y a le musée du thé.
Et pour ceux qui ont des enfants, notez qu’il y a aussi un parc d’attraction au pied du téléphérique. A bon entendeur 🙂


L’adresse du téléphérique :
Le jardin botanique
La seconde visite est celle du jardin botanique / maison des cygnes, si vous appréciez ce genre de lieux. Notez toutefois que les visites se font obligatoirement en groupe. Un guide vous conduit à travers le jardin pour découvrir la végétation et les volières.

L’adresse du jardin botanique :
Le musée de la Second guerre mondiale (WW2 Vanguard Museum)
En périphérie de la ville, se trouve aussi un lieu inattendu à ne pas louper : le musée consacré à la Seconde guerre mondiale et au débarquement. C’est assez improbable de trouver un tel musée à Lahijan…. Et c’est d’ailleurs le seul musée dédié à ce sujet dans tout le pays ! Mais il n’a rien à envier à nos musées normands ! C’est un passionné qui l’a fondé et il regorge de vestiges et d’informations. [un petit aperçu sur le site internet du musée]

Vous y verrez notamment des miniatures persanes un peu inattendues, qui sont en fait des affichettes de propagande britannique de l’époque, destinées à convaincre l’Iran et sa population de soutenir les alliés. Elles reprennent l’esthétique des miniatures persanes et en détournent les mythes les plus populaires, comme ici le mythe de Zahhak, le Roi-Serpent maudit, flanqué de deux serpents maléfiques qui poussent sur ses épaules et qu’il faut nourrir quotidiennement de chair humaine. Les traits des personnages de la miniature ne vous sont sans doute pas inconnus (regardez bien les trois cavaliers, et le personnage chargé sur le cheval du premier plan)..

L’adresse du musée :
2. Visiter le village de Massouleh
Le village de Massouleh, niché dans la campagne environnante de Fuman (comme la forteresse Ghale’e Roodkhan, décrite au paragraphe suivant), est iconique. C’est un incontournable lorsque l’on visite le Guilan.
Il s’agit d’un village traditionnel, à flanc de montagne, dans lequel le toit (plat) de chaque maison sert de cour à la maison construite au dessus. Une photo vaut mille mots pour visualiser cette architecture particulière.

Le climat dominant est… disons… embrumé. Cela donne au lieu un petit côté mystérieux tout à fait fascinant.

3. Grimper jusqu’à la forteresse Ghale’e Roodkhan
La forteresse Ghale’e Roodkhan est l’un des châteaux médiévaux les plus célèbres du pays. Construite à l’origine pour se défendre contre les invasions arabes, c’est une sorte de « muraille de Chine » locale, avec des milliers et des milliers de marches.
Il faut en gravir un sacré nombre juste pour accéder au château. Comptez une bonne heure et demi d’ascension dans une forêt moite (vous êtes prévenus). Une fois sur place, les marches continuent de courir tout le long de l’enceinte du château qui fait environ 1,5km de long


Quand vous entrez dans le château, vous arrivez par la section du milieu (voir plan ci-dessous). Ensuite vous pouvez faire les deux boucles mais, très franchement, après avoir déjà tant grimpé pour y arriver, il est peu probable qu’il vous reste suffisamment d’énergie. En outre, certains passages sont difficiles à négocier (très raides et parfois un peu dangereux si vous n’êtes pas très agiles).
Vous pouvez vous contentez de faire des petites sections autour de la section centrale. Sur la gauche, montez sur le promontoire (où tout le monde va). Vous aurez une vue impressionnante sur les montagnes boisées. Sur la droite, vous avez aussi un promontoire, mais si vous souhaitez voir une section moins fréquentée, descendez vers le réservoir d’eau.

Attention : Quoi qu’il en soit, prévoyez d’avoir chaud donc emportez de l’eau ! Il y a des commerces au pied de la montée mais pas en haut (uniquement quelques marchands informels qui, cela dit, seront ravis de vous dépanner avec une bouteille d’eau ou une glace à l’eau). Comptez la journée pour cette visite.
Insider tip : le château se trouve près de la ville de Fuman. C’est le paradis des koloocheh (ces gros biscuits fourrés dont je parlais plus haut). Profitez de votre passage dans la ville à l’aller ou au retour pour faire le plein !
4. Visiter l’écomusée du patrimoine rural du Guilan
A mon avis, une visite incontournable dans le Guilan est l’écomusée du patrimoine rural. Vous pouvez avoir un aperçu ici. C’est un musée en plein air. On y chemine à l’ombre de grands arbres et on découvre la vie rurale traditionnelle. C’est le lieu pour découvrir aussi l’architecture typique du Guilan, avec ces grandes maisons à balcons en bois et aux escaliers très étroits ou encore des greniers à riz traditionnels, avec une structure spécifique pour éviter que les souris y fassent la fête. Vous y trouverez aussi des femmes qui préparent devant vous des recettes locales et vous font découvrir des épices inconnues.

5. Aller faire un tour à la mer (mer Caspienne)
Le Guilan se trouve au bord de la mer Caspienne, qui est la plus grande mer intérieure du monde ! Donc si vous visitez Rasht et sa région, ne manquez donc pas d’aller respirer l’air marin.
Aller à la plage
Visiter Rasht et sa région, c’est l’occasion de se rendre sur l’une des nombreuses plages de la côte.
Je n’ai pas de spot particulier à vous recommander, les quelques plages que j’ai vues m’ont toutes semblées assez similaires. Le sable est assez sombre et scintillant, des cahutes pour des activités nautiques ou des restaurants, et une belle lumière, surtout en fin de journée.



Mise au point « baignade »
En revanche, amateurs de baignade, n’ayez pas trop d’attentes. Tout d’abord, on m’a souvent dit qu’il était préférable de se baigner dans le golfe persique plutôt que dans la caspienne. L’eau y serait plus propre et plus claire, bref, plus plaisante. Si c’est l’opinion générale, cela explique sans doute qu’il y ait relativement peu de baigneurs sur les plages du Nord.
Ensuite, si vous êtes une femme, cela nécessite un peu d’organisation. Vous avez deux options :
1) Techniquement vous pouvez vous baigner plus ou moins où vous voulez – à condition de ne pas choisir un lieu dangereux interdit à la baignade, évidemment – si vous restez vêtue. Vous pouvez par exemple prévoir de porter un legging et un long t-shirt qui couvre bien le postérieur ainsi que quelque chose qui couvre vos cheveux. Dans ce cas, je vous recommande tout de même de choisir un lieu calme, et de ne peut-être pas aller batifoler juste devant un groupe de pêcheurs, ou juste devant des familles que cela pourrait incommoder. Enfin, il faut compter que ce ne sera ensuite pas très commode de vous changer une fois mouillée.
2) Si vous tenez vraiment à sortir votre plus beau bikini, c’est tout à fait possible 🙂 Il faudra simplement veiller à vous rendre sur une plage dédiée aux femmes (ce sont des espaces délimités sur la plage et dans la mer, abrités des regards). Là vous pourrez vous baigner en tenue légère sans souci.
Si vous êtes un homme, c’est sans doute un peu plus simple. Cela dit, les hommes sont également soumis au respect d’un code vestimentaire : pantalons longs et t-shirt, a minima (pas de shorts, pas de marcels). Vous déduirez par vous-même qu’il est donc un peu olé olé de se balader torse nu ou, pire, en slip de bain. Cela ne se fait pas vraiment. Donc, encore une fois, restez « modeste » (comme on dit maintenant) dans votre attitude et votre tenue.
Faire un tour à Anzali
Sinon, en bord de mer, vous pouvez aussi vous rendre dans la ville d’Anzali (bandar-e anzali). C’est un gros port de commerce (avec, d’ailleurs, une importante zone franche et une dizaine d’énormes centres commerciaux en mode « Dubaï ») mais il y a aussi un quartier de pêcheurs, très pittoresque et le centre-ville est plutôt mignon.
6. Se balader dans la campagne et les rizières
Enfin, le Guilan est le « grenier à riz » du pays. Le climat subtropical de la région en fait un lieu parfait pour cette culture et toute la compagne est faite de rizières. Entretenues et plantés à la main par les familles de chaque village, parfois labourées encore avec l’aide de buffles, ces rizières sont vraiment exotiques pour des yeux européens (et jolies !). Profitez bien du paysage lors de vos déplacements et essayez de dormir au moins une nuit en campagne.

D’ailleurs, si vous souhaitez savoir où loger, j’ai une bonne adresse à vous recommander : le gîte EcoShalizar, des les environs de Kuchesfahan. C’est un petit havre de paix et de verdure et les propriétaires parlent anglais (et français) ! Voyez plutôt :

7. Et aussi…
Il y a évidemment plein d’autres choses à voir dans la région : des caravansérails, des cascades, etc. Et aussi plein de délicieux restaurants où manger un morceau. Si vous êtes en manque d’inspiration, demandez-moi 🙂
Quand visiter Rasht et la région du Guilan ?
Le Guilan a un climat humide (ce qui explique qu’il soit si vert), avec parfois d’énormes précipitations. Rasht est d’ailleurs parfois surnommée « la ville de la pluie ». A noter que le temps gris et pluvieux est particulièrement apprécié par les Iraniens, car il contraste avec l’aridité générale du pays.
En été, la température grimpe et le temps est vraiment lourd et il est préférable de visiter Rasht et sa région au printemps (avril, mai) ou en automne. La température est plus modérée et l’humidité est plus supportable.
Comment aller à Rasht ?
Rasht possède une station de train (qui relie notamment Téhéran) ainsi qu’un aéroport. Il y a également un terminal de bus.
Autrement, en voiture, à partir de Téhéran, comptez en moyenne 5h (en intégrant les bouchons à la sortie de Téhéran).
visiter Rasht
>>>>> Si cet article t’a plu, n’hésite pas à le partager avec tes amis qui pourraient être intéressés !
Et si vous voulez en savoir davantage…
- Sur les spécialités culinaires de la région du Guilan, c’est par ici (bientôt disponible)
- Sur mes expériences de conduite en Iran, c’est par là (bientôt disponible)
- Sur mon long voyage en train qui m’a conduite jusqu’à Téhéran, c’est par là et aussi là
A bientôt !